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Avec le temps va, tout s’en va… mais la rouille ne part toujours pas…

  • Photo du rédacteur: Elisabeth B.
    Elisabeth B.
  • 3 déc. 2023
  • 4 min de lecture

Lorsque papa a légué toute sa collection d’outils du bois, du fer, de la terre et de la vigne à la Mairie de Chazelles, en vue de créer et alimenter son Musée des outils anciens, l’équipe de Jean-Marie Brouillet a fait un travail vraiment exceptionnel pour tous les remettre en état, "comme neufs", après avoir enlevé la rouille, les avoir brossés, polis, vernis, bichonnés, classés, nomenclaturés,… afin qu’ils soient parfaitement aptes à être présentés au public. Un immense merci pour ce magnifique et précieux travail de valorisation !


Il existe aujourd’hui de nombreux produits de rénovation.


Mais autrefois, comment faisait-on pour enlever la rouille des outils et faire en sorte que les lames ne s'émoussent pas ?


Avant l'invention des produits chimiques modernes anti-rouille, les artisans et les utilisateurs d'outils en fer ou en fonte utilisaient diverses méthodes pour protéger leurs outils contre la rouille et maintenir les lames bien aiguisées.


Voici les principales techniques et pratiques employées autrefois :


  • Huilage des Métaux :


    • Huile de lin : comme pour le bois, l'huile de lin était largement utilisée pour protéger les outils en métal. Elle formait une fine couche protectrice sur la surface métallique, empêchant ainsi l'humidité de pénétrer et de provoquer la rouille. Les outils étaient régulièrement essuyés avec un chiffon imbibé d'huile de lin ;

    • Huile minérale : une autre huile couramment utilisée était l'huile minérale. Moins collante que l'huile de lin, elle offrait une protection efficace contre la rouille tout en facilitant le nettoyage des outils ;

    • Graisse animale : dans certaines régions, la graisse animale (comme le suif ou la graisse de porc) était appliquée sur les surfaces métalliques pour empêcher la rouille. Elle était souvent mélangée avec de la cire pour former une couche plus épaisse et plus durable.


  • Frottement avec du charbon ou de la suie :


    Le frottement des outils avec du charbon ou de la suie était une méthode utilisée pour les protéger contre la rouille. La suie, riche en carbone, offrait une barrière protectrice qui limitait l'oxydation du métal. Cette méthode était particulièrement utilisée pour les outils qui restaient en extérieur ou dans des environnements humides.


  • "Bleuissage" à l'huile:


    Le bleuissage est un traitement thermique qui consistait à chauffer le métal à une température modérée (environ 300°C) puis à le plonger dans de l'huile. Ce procédé donnait au métal une couleur bleutée et créait une fine couche d'oxydes sur la surface, protégeant ainsi le métal de la rouille. Cette méthode était couramment utilisée pour les petites pièces et les armes.


  • "Brunissage" :


    Le brunissage était une technique similaire au bleuissage, mais à une température légèrement inférieure, produisant une couche protectrice de couleur brune sur le métal. Cette technique était souvent utilisée sur les armes, comme les canons et les pièces d'armure, pour les protéger tout en leur donnant un aspect esthétique.


  • Revêtement avec de la cire ou de la poix :

    • Cire d'abeille : la cire d'abeille était parfois appliquée sur les outils en fer ou en fonte pour les protéger de l'humidité. Elle formait une couche protectrice qui empêchait l'oxydation du métal ;

    • Goudron de pin : le goudron de pin ou la poix étaient utilisés pour protéger les outils exposés aux intempéries, notamment les outils agricoles. Ces substances créaient une couche résistante à l'eau, réduisant ainsi le risque de rouille.


  • Rangement Approprié :

    • L'un des moyens les plus simples mais efficaces de prévenir la rouille était de stocker et ranger les outils dans un endroit sec et bien ventilé. Les outils étaient souvent suspendus ou rangés dans des coffres en bois pour les protéger de l'humidité du sol ;

    • Les boîtes à outils en bois, parfois doublées de tissu imbibé d'huile, étaient utilisées pour stocker les outils métalliques. Le bois aidait à absorber l'humidité ambiante, tandis que le tissu huilé offrait une protection supplémentaire.


  • Affûtage régulier des lames :

    • Pour maintenir les lames bien aiguisées, les artisans utilisaient des pierres à aiguiser (aussi appelées pierres à affûter). Les lames étaient affûtées régulièrement pour conserver leur tranchant, ce qui les rendait plus efficaces et réduisait la fatigue lors de leur utilisation ;

    • L'affûtage pouvait être réalisé à sec ou avec de l'eau ou encore de l'huile, pour réduire la friction. L'affûtage à l'eau ou à l'huile permettait de mieux préserver la lame en évitant les échauffements qui pouvaient rendre le métal cassant ;

    • Affûtage au Cuir (ou "Stropping") : après l'affûtage à la pierre, certaines lames étaient passées sur une sangle de cuir enduite de pâte abrasive (le cuir étant parfois imprégné d'oxyde de chrome ou d'autres abrasifs fins). Cela polissait le fil de la lame et éliminait les bavures, rendant la lame encore plus tranchante.


  • Protection par usage régulier :


    Les outils qui étaient utilisés régulièrement avaient moins de chances de rouiller, car l'usage constant les polissait et éliminait les traces d'humidité. Paradoxalement, les outils laissés inutilisés pendant de longues périodes étaient plus susceptibles de se corroder.


  • "Recuit" et traitement thermique :

    • Le recuit consistait à chauffer le métal à une température élevée, puis à le laisser refroidir lentement. Cette méthode permettait de réduire les tensions internes dans le métal, le rendant moins cassant et plus résistant aux chocs ;

    • Pour les outils de coupe, la "trempe" (chauffage suivi d'un refroidissement rapide) et le "revenant" (chauffage modéré après la trempe) étaient utilisés pour durcir les lames tout en les rendant moins cassantes.



En résumé...


Avant l'apparition des produits modernes anti-rouille, les artisans et les utilisateurs d'outils en fer ou en fonte utilisaient des méthodes variées, souvent issues de l'observation et de l'expérience, pour protéger leurs outils contre la corrosion et maintenir les lames en bon état.


Ces méthodes traditionnelles, telles que l'huilage, le brunissage, l'affûtage régulier et le stockage approprié, témoignent du soin apporté à la préservation des outils indispensables pour les travaux quotidiens.


Ces pratiques sont encore utilisées aujourd'hui, notamment dans la restauration d'outils anciens et dans certains métiers artisanaux où le respect des traditions est important.


Bonne journée à tous !


Elisabeth B.

 

Sources bibliographiques :

  • "Manuel de la rénovation" - Collectif (2018)

  • "Le grand livre de la rénovation-Meubles et objets" de Robert Longechal (2023)

  • "Grand guide du bricolage" de David Fedullo et Thierry Gallauziaux (2020)


Crédits photos :

  1. Photos prises dans le garage à outils de Jean-Paul Bousquet, avant leur rénovation et exposition au Musée des outils anciens de Chazelles

  2. Photo d'Andreas N. pour Pixabay

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